Sainte Claire D'Assise
1 Enfance
La petite ville d'Assise, près de Pérouse, plus au nord de Rome.
Aux côtés des mendiants quêtant nourriture et logis, se dressent les palais des riches bourgeois et les boutiques cossues des marchands de toutes sortes.
Dans la ville d'Assise, les palais Seigneuriaux étalent leur richesse. Fierté de la cité !
Un des plus beaux, des plus insolents, est sans doute le château de Messire Offreduccio de Bernardino : le château de Corano.
Monaldo, l'ainé, a main mise sur la famille, il tient son rôle d'ainé au sérieux et veille à la bonne marche des évènements.
C'est un homme autoritaire, violent même, et aucune discussion n'est possible. C'est lui qui décide !
Cette année-là, une grande fête se prépare au château de Corano. Favarone, le second fils, épouse Ortolana Fiumi.
Beau mariage, digne de cette famille, puisque Ortolana descend de la grande noblesse d'Assise.
Monaldo peut-être fier du choix de son frère !
De plus Ortolana est une bonne catholique, fervente, énergique et volontaire.
Dès les premières années de son mariage, Ortolana décide de faire un pèlerinage en Terre Sainte. Elle veut marcher sur la terre de Jésus, et ce voyage ne fait que renforcer sa Foi déjà grande.
Et puis la grande nouvelle arrive ! Ortolana va bientôt mettre son premier enfant au monde !
Ortolana déborde de joie. Ce petit enfant qu'elle porte et qu'elle aime déjà tendrement, la comble de bonheur.
Cependant, une grande crainte s'empare de la future maman. Une angoisse terrible :
Et si l'enfant qu'elle porte ne restait pas en vie ?
Et si la naissance ne se passait pas bien ?
A travers les larmes d'angoisse, elle crie vers le Seigneur.
Elle se met en prière, implorant l'aide de Dieu.
Sa prière trouve réponse :
« Ne crains rien, tu enfanteras, saine et sauve,
Une lumière qui brillera et resplendira dans le monde entier. »
Le 18 juillet 1193, le bébé voit le jour. C'est une petite fille. Son Nom ? Chiara ! Ce qui en français veut dire Claire : celle qui resplendit.
Voici l'histoire vraie de Claire d'Assise, ‘la petite plante de Saint François ».
Les cloches sonnent joyeusement, annonçant à tous que la fille de Favarone et Ortolana Offreduccio est devenue Enfant de Dieu par le Baptême.
Tous les habitants d'Assise sont là. Les mendiants aussi !
Madame Ortolana, pour partager son bonheur, leur fait donner de larges aumônes, et ce sont des cris de remerciements qu'ils adressent à leur bienfaitrice et à cette famille si importante d'Assise.
Seuls les marchands continuent leurs affaires sans se soucier plus avant de cet heureux jour !
Parmi les marchands, François Bernardone, le fils du riche drapier Pierre Bernardone. François quitte un moment son père et s'approche du cortège qui sort de l'église.
François Bernardone a treize ans, retenez bien ce nom, nous le reverrons !
La paix et l'amour règnent dans la famille de Favarone et Ortolana. La maman, se préoccupe beaucoup de l'éducation de Claire et c'est avec une douceur extraordinaire, qu'elle lui fait connaître Jésus et Marie.
Claire comprend très vite ce langage d'Amour : elle découvre rapidement que Jésus l'aime et elle veut déjà lui donner tout son amour de petite fille , le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie » sont ses prières préférées, et elle veut les apprendre elle-même à sa petite sœur Agnès.
Claire n'a pas de chapelet, alors pour compter les« Je vous salue Marie » elle se munit de petits cailloux blancs qu'elle dépose un à un auprès d'elle.
Un jour, sa maman lui explique que Jésus est mort sur la croix, à cause des péchés du monde.
Claire en est tellement bouleversée, qu'elle ne peut s'empêcher de pleurer. Désolée d'une telle réaction, sa maman lui parle aussitôt de la naissance de Jésus. Les larmes font alors place à un sourire radieux.
Mais Claire a besoin de consoler Jésus sur la croix, et elle n'est satisfaite que lorsque sa maman décroche le crucifix et le met entre les bras de Claire.
Claire veut serrer Jésus dans ses bras comme l'a fait Marie. (Qu'elle appelle d'ailleurs Madame Marie)
Ortolana est une femme généreuse, sensible à la misère des autres. Avec elle, la petite Claire apprend à ouvrir son cœur, elle apprend à regarder les autres avec amour.
Sa joie est de remettre aux mendiants les présents que sa maman lui remet entre les mains, pour lui apprendre à partager.
Mais son rêve, serait de pouvoir donner elle-même sa part de dessert à un des petits mendiants de son âge et de le regarder sourire en le dégustant.
Oui, Claire s'ouvre de plus en plus à la joie de donner pour faire des heureux !
Et dans sa prière, elle ne peut s'empêcher de répéter à voix basse :
« J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger,
J'ai eu soif et vous m'avez donné à boire.
Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens c'est à moi que vous le faites. »
Mais la paix dans la petite ville d'Assisse est menacée. La villne de Pérouse, déclare la guerre à Assise, sa voisine.
Favarone met sa famille à l'abri à Pérouse. Claire a 9 ans, elle revient dans sa ville natale à l'âge de 14 ans. Elle prend conscience très vite du danger qui menace sa famille
Un jour, elle revient de la cathédrale Saint Pierre, avec sa maman. Sur la route, elles sont bloquées par une foule en délire. La situation est grave !
Devant elles, c'est un défilé d'hommes, enchaînés les uns aux autres. Beaucoup sont blessés et la haine anime les yeux des prisonniers.
Et puis la nouvelle tombe : tous les biens des nobles qui se sont réfugiés à Pérouse sont confisqués, et sont détruits.
Claire reverra-t-elle un jour le château de Corano, où elle a vécu dans la joie et dans la paix ?
Le château de Corano subit le sort promis. La demeure familiale est saccagée. Les grands Seigneurs de la famille Offreduccio vont-ils devenirs les petits chevaliers perdant leur titre de grands Seigneurs ?
Claire comprend de mieux en mieux la situation et en souffre, d'autant plus qu'elle devient le témoin de la colère et de la haine de ses oncles et de son père.
Dans ce tumulte, dans cette ambiance de haine et de rancœur, Ortolana n'a plus le temps de s'occuper de Claire, Agnès et la petite Béatrice nouvellement née lui prennent beaucoup de temps et sont bien trop jeunes pour comprendre la gravité de la situation. Il lui faut les protéger.
Claire commence alors à se tourner vers Dieu ce ne sont plus les prières récitées à haute voix qui emplissent son cœur. Claire a besoin d'un face à face avec Jésus, qui lui donne la force de vivre tous ces évènements difficiles.
La contemplation remplace petit à petit les démonstrations extérieures des prières récitées.
Elle sait que Dieu est infiniment bon et elle veut réparer par ses prières les excès des adultes qui ne pensent qu'à se battre pour défendre leurs biens.
Claire se souvient de Jésus sur la croix, quand elle était petite. Jésus, mort pour réparer l'humanité.
Bientôt, la misère et les révoltes sans fin, obligent les autorités à libérer les prisonniers. Ils vont
Pouvoir retourner à Assise. François Bernardone est parmi eux. François, L'ambitieux ! Toujours en quête de gloire et de superbes aventures de chevalier !
Cette ambition, qui lui aura valu de garder sa bonne humeur et sa joie de vivre aux jours les plus sombres !
François, le roi de la jeunesse !
Le roi de la jeunesse qui vient de rencontrer l'Amour de Dieu.
Le roi de la jeunesse, qui ne peut plus s'amuser comme il le faisait autrefois.
Le roi de la jeunesse qui vient de rencontrer Dame Pauvreté.
Cette rencontre avec François Bernardone va changer la vie de Claire. …………..
2 Rencontre avec François Bernardone
Enfin la paix entre Pérouse et Assise, est signée !
La famille Offreduccio peut revenir dans la maison natale, du moins dans ce qui reste du Palais de la place Saint Rufin !
Mais les habitudes des châtelains reviennent vite et les fêtes entre amis retrouvent bien vite leur place.
Claire, dans son coin continue inlassablement ses broderies, et levant les yeux vers la lumière que laisse passer l'étroite fenêtre ouverte, regardant le ciel bleu azur, elle songe aux anges, aux saints et à Dieu. A Dieu surtout, lui qui est la beauté suprême, la perfection, en qui il n'y a aucune défaillance.
Ortolana observe sa fille, elle est si belle et si gracieuse !
Déjà quelques prétendants osent le premier pas vers cette magnifique demoiselle, mais Claire ne semble y prêter aucune attention. Elle ne semble pas voir la déception de ses parents qui voudraient tant la voir épouser un des jeunes hommes de la noblesse Italienne, qui ne manquent pas de venir lui rendre visite au palais.
L'oncle Monaldo commence même à s'impatienter :
« Mais forcez la donc ! Si Claire était ma fille, croyez-moi, cela ne trainerait pas ! »
Claire devine trop bien le projet de ses parents pour elle ; les bijoux, les parures de soie et de satin brodées d ‘or pour rehausser encore et encore sa beauté. Tous ces cadeaux, Claire n'en veut pas. Là n'est pas son désir profond.
Claire ne voit qu'une seule et unique beauté, celle de se donner entièrement à Dieu !
Voilà le seul bonheur dont rêve Claire.
Claire a bien remarqué, avec étonnement d'ailleurs, l‘attitude de son cousin Rufin ; Rufin le timide, si timide qu'il n'ose jamais donner son avis sur quoi que ce soit, surtout en public ! et voilà Rufin qui ne peut s'empêcher de serrer les poings, une colère étouffée dans les yeux lorsque les moqueries de ses oncles et de son père se tournent vers François Bernardone, le fils du drapier.
Mais qui est donc ce François Bernardone qui a tant ébranlé son cousin Rufin ?
N'est-il pas celui qui a vendu les étoffes de son père pour reconstruire la petite église de Saint Damien ?
N'est-il pas celui qui a dû tout restituer à son père devant le tribunal ?
N'est-il pas celui qui a refusé l'héritage que son père, Pierre Bernardone lui promettait à sa mort ?
Mais qui est donc ce François dont tout le monde parle actuellement ?
Et pourquoi Rufin qui ne donne sa confiance que très rarement a-t-il une admiration sans borne en François Bernardone ?
Claire dans le silence, tente d'éclaircir toutes ces questions qui se bousculent dans son esprit. Elle les garde précieusement dans l'écrin de son cœur, dans l'espoir de trouver un jour, réponse à toutes ses interrogations.
Un soir, la fête bat son plein au château. Le vin coule à flots et les mes délicieux ornent les tables habillées de nappes brodées.
Soudain, une voix mélodieuse, jeune, pure et harmonieuse monte, comme pour rappeler à tous les convives la dure réalité de la vie.
Une voix qui réclame des pierres pour reconstruire la petite église de Saint Damien !
Favarone, s'approchant de la fenêtre, aperçoit François Bernardone.
-« c'est encore le fils du drapier, avec son église à reconstruire ! » dit-il d'un ton moqueur.
Les rires emplissent la pièce où festoient les amis, et les moqueries envers le garçon vont bon train !
Claire reste silencieuse. Ce qu'elle vient d'entendre de la bouche de François la laisse songeuse :
Comme il serait bon d'être seule, de pouvoir me rendre en toute liberté dans cette petite église de Saint Damien, inconnue et ignorée de tous !
Comme il serait bon de pouvoir prier dans cette petite église de Saint Damien !
Mais Claire ne peut se confier à sa mère, elle lui rappellerait inévitablement son rang de châtelaine et sa première place à la cathédrale !
C'est donc auprès de plus chères amies: Christiana, Bona et Pacifica que Claire laisse déborder son cœur.
Le désir d'appartenir à Dieu grandit de plus en plus. Claire veut être religieuse. Mais comment faire ? Ses parents ? Son oncle Monaldo ?
Le projet s'avère impossible !
Il y a bien Rufin ! C'est l'ami de François Bernardone, ce moine que certains considèrent déjà comme un saint !
Claire veut le voir, elle veut le rencontrer, elle veut l'entendre !
Et bien justement, l'évêque Guildo vient de demander à frère François de prêcher à la cathédrale pendant les dimanches de carême !
Ce premier dimanche de carême 1211, au premier rang, les yeux fixés sur ce moine vêtu d'une tunique de toile grossière, Claire écoute, remplie d'espérance. François parle de Dieu avec une telle conviction ! Laissant le latin, habituellement utilisé pour un Italien que tout le monde peut comprendre.
Il fait même les éloges de « Dame Pauvreté », devant toute cette noblesse et devant toute cette pauvreté venues ensemble entendre le fils de Pierre Bernardone.
Claire en est bouleversée. C'est exactement ce qu'elle cherchait : la pauvreté, la simplicité, le dénuement, pour pouvoir atteindre Dieu qui s'est lui-même fait pauvre parmi les hommes.
Claire ne supporte plus la richesse de ce palais dans lequel elle vit.
Ce jour-là, elle promet à Jésus de lui appartenir sans réserve et pour toujours.
Le temps presse maintenant pour Claire, elle veut répondre le plus vite possible à l'appel de Jésus.
Claire veut rencontrer François, en privé, pour lui demander conseil sur son désir de devenir religieuse. C'est Rufin qui organise le rendez-vous. Rufin vient de rejoindre François, et lui aussi vient de prendre l'habit inconfortable des frères franciscains.
Plusieurs rencontres ont lieu. Toujours dans le secret, il ne faudrait pas que Favarone et Ortolana, et encore moins Monaldo apprennent le projet de Claire.
François, lui, a déjà remarqué la grande piété de Claire. Sa façon de donner l'aumône. Son sourire et son aumône laisse dans le cœur des plus pauvres la lumière de Jésus en même temps que l'argent déposé dans les mains des mendiants.
François a déjà remarqué sa manière de prier. François a vu Claire profondément plongée dans la prière au point que rien n'était plus autour d'elle.
Oui Frère François a remarqué Claire ! Et c'est avec une grande joie qu'il accueille cette jeune fille de la noblesse, qu'il va lui-même conduire vers son don à Jésus.
Mais Claire est confrontée à un obstacle de taille ! Ses parents ne voudront pas la laisser partir pour s'enfermer dans un couvent ! L'oncle Monaldo, s'il apprenait ce projet entrerait dans une telle colère, qu'il faudrait s'attendre à des décisions de surveillance draconienne.
Et Claire sait que sa décision de devenir religieuse la séparera de sa famille. De ceux qu'elle aime tendrement. La décision est difficile, mais Claire sait que, c'est aussi ce sacrifice que lui demande le Seigneur.
La décision est prise et Claire compte bien aller jusqu'au bout. Frère François va l'aider, ses trois amies ; Christiana, Bona et Pacifica sont là, à ses côtés.
Comment Claire va-t-elle pouvoir se rendre à la petite église de la Portioncule
Où l'attend frère François, sans que personne ne s'aperçoive de son absence ?....................................
3 LE DON TOTAL A JESUS
François ne veut pas perdre de temps. Il sait que Claire est maintenant prête à se donner totalement à Dieu et il ne veut pas que les richesses de ce monde abîment l'âme si pure de Claire.
Sans plus tarder, il rencontre Mgr Guildo, et lui demande la permission de l'admettre à la profession religieuse. l'évêque, qui lui-même, a reconnu sans difficulté la noblesse de cœur de Claire.
François demande à la jeune fille de se préparer pour le dimanche des rameaux. C'est ce jour-là que Claire doit quitter sa famille pour rejoindre la famille des Franciscains, fondée par Frère François, lui-même.
Ce dimanche, sous la demande de frère François, claire revêt ses plus beaux vêtements et se pare de ses bijoux les plus précieux. Ortolana, en voyant sa fille ainsi vêtue, se réjouit déjà !
Claire si peu préoccupée par sa tenue vestimentaire, ne reviendrait-elle pas à la raison ?
Ce dimanche des rameaux, réunira tous les prétendants choisis par Favarone et Ortolana, ils ne manqueront pas de voir l'extraordinaire beauté de la jeune fille !
Quelle fierté pour la maman de Claire !
Claire regarde sa mère, le cœur brisé.
« Ma pauvre mère, si elle savait ! »
Claire est là, au premier rang, avec sa famille. Elle est tellement plongée dans la prière, elle laisse tellement monter en elle la joie de Dieu, qu'elle ne s'aperçoit même pas que l'évêque, après avoir béni les branches d'olivier, a commencé à les distribuer aux fidèles qui défilent devant lui.
Claire ne s'avance pas vers l'autel.
L'évêque, la regarde, il sait ce qui se passe dans son cœur, et descendant lui-même vers la fille de Favarone et Ortolana, lui dépose entre les mains le rameau béni.
De retour à la maison, tout le monde s'étonne de voir Claire, garder ses habits de fête.
Le soir descend, silencieux, sur la ville d'Assise. Pour Claire c'est le moment tant attendu. Elle doit maintenant partir dans la discrétion la plus totale pour ne pas éveiller les soupçons, elle redoute déjà la colère de ses parents.
Au lieu de passer par la grande porte, Claire emprunte un passage du château, rarement fréquenté, et la voilà dehors avec sa fidèle amie Pacifica.
Les deux jeunes filles vont à la rencontre de François et de ses frères qui les attendent à Sainte Marie des Anges, dans la prière et les chants de louange.
C'est à Sainte Marie des Anges, dans ce petit sanctuaire au milieu de nulle part, que Claire va se donner totalement à Jésus : devant les frères, Claire défait ses longues nattes blondes ornées de perles, dépose ses bijoux aux pieds de François, et en signe d'appartenance totale à Dieu, son frère spirituel, lui coupe les cheveux , lui remet la tunique de toile rugueuse et la ceinture de corde, signe de pauvreté à l'imitation de Jésus qui, né dans la pauvreté, est mort dans le dénuement le plus total pour sauver l'humanité par sa résurrection.
C'en est fait ! Désormais, Claire n'appartient plus au monde avec ses frivolités, elle appartient maintenant à Jésus et à partir de ce jour, Claire porte le monde et sa misère sur les épaules, avec la Grâce de Dieu !
Au château de la place saint Rufin, c'est l'effervescence. On cherche Claire ! Inquiétude et incompréhension font rapidement place à la certitude ! Claire s'est bel et bien enfuie du domicile familial.
Mais où s'est-elle réfugiée ?
Ortolana fait a petite enquête et apprend vite où se trouve sa fille. Claire a quitté son père, sa mère et ses sœurs pour devenir religieuse ! Claire a trouvé refuge au monastère saint Paul de Bastia, chez les sieurs Bénédictines.
C'est maintenant la colère qui prend le dessus ; Monaldo, Favarone et leurs amis sont bien décidés à retrouver et à ramener à la maison la jeune fille inconsciente.
C'est à grands renforts qu'ils arrivent au monastère saint Paul ; les chevaux martèlent furieusement les pavés de l'abbaye, provoquant peur et stupéfaction chez les religieuses qui viennent de prendre sous leur protection leur sœur Claire.
Brutalité, menaces, promesses, larmes, rien ne fait fléchir la sensibilité de claire, forte de sa Foi.
Les yeux tournés vers le crucifix, elle prie, laissant passer les mots durs et violents de son père et son oncle.
Lorsque soudain Monaldo veut l'empoigner pour la faire revenir de force au château. Claire se cramponne à l'autel, et d'un geste brusque se décoiffe, montrant à tous les signes de son appartenance à Dieu : Sa tête rasée !
L'évidence de la situation a pour effet de déstabiliser les chevaliers. Les Offreduccio, aussi puissant soient-ils, ne peuvent rien contre cette décision prise sans leur consentement. Le respect de la religion
l'emporte. Furieux, plein de rage et d'amertume, Monaldo et Favarone font demi-tour, faisant claquer les fouets dans la poussière de leur passage.
Claire a gagné ! Elle va pouvoir maintenant, libérée des siens, se donner à sa mission : prier pour le monde et vivre dans la pauvreté pour l'Amour de Dieu. Marcher avec Amour sur les traces de Jésus.
Frère François redoute un nouvel assaut des la famille de Claire. Il ne veut pas imposer une si lourde épreuve aux moniales de saint Paul de Bastia et par mesure de sécurité, préfère confier sa sœur Claire aux bénédictines de Saint Ange de Panzo.
Un jour Pacifica, la chère amie de Claire, vient la voir et lui apprend que Monaldo et Favarone ont sur Agnès, la petite sœur de Claire, un projet de mariage qui n'enchante guère la cadette de la famille Offreduccio. Claire en est profondément affectée.
Elle se met en prière, et demande à Jésus de délivrer Agnès des griffes de son oncle et de son père.
Sa prière est exaucée ! Peu de temps après, Agnès, sur l'exemple de sa sœur aînée, fuit à son tour le domicile et vient rejoindre Claire pour se donner elle aussi à Jésus.
On peut imaginer la joie des retrouvailles entre les deux sœurs, lorsqu'Agnès fait son entrée au monastère de Saint Ange de Panzo !
On peut aussi craindre le pire, lorsque la disparition d'Agnès sera découverte, là-bas au château !
La réaction des Offreduccio ne se fait pas attendre. Monaldo est tellement furieux, qu'il fait la promesse de ramener Agnès morte ou vive.
Agnès, devant la rage et la folie de siens, tient tête. Le désir de devenir religieuse, le désir de servir Dieu, est trop fort pour le refuser.
Monaldo ne compte pas se laisser faire par cette enfant de 15 ans. Pris de folie furieuse, il attrape Agnès par les cheveux et la traîne sur le chemin caillouteux qui mène à Assise.
Claire, impuissante, implore le seigneur de faire quelque chose, de faire un miracle.
Sûre que sa prière a été entendue par Dieu, elle s'élance sur le chemin et non loin de là, voit Agnès, gisant dans la poussière, ensanglantée et voilà que tous ces hommes solides, forts tentent de soulever le corps inerte de cette jeune adolescente de 15 ans, sans succès !
La fureur de Monaldo est attisée. Voyant son impuissance devant sa nièce, il lui assène un violent coup dans la tête ; Agnès en portera les marques jusqu'à sa mort !
Soudain une douleur à la limite du supportable saisit le bras de Monaldo , qui se met à hurler :
« Plutôt la mort que cette souffrance ! »
Quelques semaines plus tard, le bras endolori, à ne pas pouvoir dormir, Monaldo revient au monastère et implorant pardon auprès d'Agnès, lui demande la miséricorde de Dieu afin de soulager sa souffrance. Aussitôt, son bras est guéri !
Voyant cela, Ortolana est bouleversée ; une lumière de paix commence à luire dans son cœur, le pardon à ses deux filles est donné.
Agnès à son tour reçoit auprès de sa grande sœur, des mains de Frère François, le voile des épouses du Christ.
Puis les amies de Claire ; Pacifica, Balvina, Benvenuta, demandent elles aussi à revêtir l'habit de la pauvreté et désirent suivre avec Claire le chemin de la perfection.
Frère François les guide, les écoute et les encourage à toujours à vivre cette Pauvreté de Jésus et de la vivre dans la joie.
La Foi de Claire s'affermit de jour en jour parmi ses sœurs Bénédictines qui l‘ accueillent, elle et ses amies. Mais un désir plus fort se dessine dans le cœur de Claire.
Maintenant que sa sœur Agnès et ses amies ont rejoint Claire, c'est une petite communauté qui s'est formée. Et Claire songe à la solitude, et à la pauvreté de cette petite communauté……………………
4 LE PRIEURE DE SAINT DAMIEN
Seul, François peut prendre la décision de donner à la petite communauté son indépendance. Mais l'attente de cette décision, peut s'avérer longue, François vient de quitter l'Italie pour annoncer la Bonne nouvelle au-delà des mers.
Nul ne sait quand il reviendra !
Claire qui veut pour elle et pour ses sœurs, vivre selon la spiritualité de Frère François est terriblement déçue. Mais elle sait que Dieu se révèlera au moment qu'il choisit être le bon, et la confiance de Claire ne faiblit pas.
Par une froide journée d'hiver, deux frères de François font leur entrée à saint Ange de Panzo, apportant la nouvelle tant attendue :
« Frère François est de retour sur la terre d'Italie ! »
Les jeunes sœurs, impatientes d'en savoir plus, entourent les deux frères, pour écouter joyeuses, le récit des envoyés.
La tempête, le retour obligé de François sans qu'il ait pu atteindre le but qu'il s'était donné….
François, de son côté, n'a pas perdu de temps ; Connaissant les désirs de Claire, il se rend auprès de l'évêque et obtient facilement l'autorisation : les sœurs de François peuvent s'installer à Saint Damien. L'église et les bâtiments environnants sont à leur disposition.
Le déménagement se fait sans tarder. La supérieure de l'abbaye de saint Ange de Panzo, voudrait aider la jeune communauté à s'installer et c'est avec une charité sans égale qu'elle propose meubles pour l'église, le réfectoire et le dortoir des sœurs. Mais Claire lui répond, quelques écuelles de terre et ustensiles ébréchés feront largement l'affaire.
Ortolana n'a pas davantage de succès lorsqu'elle veut apporter sa contribution à l'installation des sœurs dans le petit prieuré de Saint Damien.
Claire veut vivre dans la pauvreté, pour mieux suivre Jésus.
Et voilà claire et ses sœurs, précédées de deux frères, en route vers Saint Damien ! à quelques kilomètres de là, se dresse la petite église de saint Damien. Oh, elle n'a rien d'une basilique ou d'une cathédrale ! Bientôt le petit groupe s'immobilise, devant eux apparaît la façade de la petite église restaurée par François. Quelle simplicité ! et quelle noblesse !
Quelle émotion, quand elles entrent dans la nef ! Là devant elles, la croix, majestueuse au dessus de l'autel ! le silence respectueux, recueilli des sœurs donnent à ce lieu toute sa splendeur et sa magnificence.
Elles sont enfin chez elles ! Et c'est Claire qui les conduit vers leur vie de pauvreté, sur le chemin de Jésus.
Les jeunes religieuses grimpent joyeusement l'échelle de bois qui les mène dans leur logis. Claire, elle, s'agenouille et baise les pavés irréguliers et avec ferveur murmure ces quelques mots :
« Pour l'Amour du très Saint et très aimé Enfant Jésus,
enveloppé dans de si pauvres langes, dans la crèche,
et pour sa très Sainte Mère. »
L'ordre des « Pauvres Dames »est né : les Clarisses
le soir venu, les sœurs s'allongent sur les planches qui leur sert de lit. Claire reste dans l'église, elle prie. Elle sait que la vie à Saint Damien doit être conforme à la volonté de Dieu et seules les quatre religieuses n'y arriveront pas. Claire demande l'aide de Dieu pour elle et la communauté présente et à venir.
Frère François ne veut pas que les jeunes sœurs s'en aillent sur les chemins mendier leur pain. Elles ont à peine 20 ans pour la plupart et les dangers sont réels. Ce sont les frères qui pourvoiront à leurs besoins, les religieuses, elles, ont pour mission de s'occuper du linge d'église et des soins à prodiguer aux faibles, particulièrement aux lépreux, nombreux dans les alentours.
la vie est rythmée par les temps réguliers de prière, par le travail et les attentions particulières aux plus pauvres et aux malades, par le temps de repos quand le soleil décline pour laisser place à « sœur la nuit ».
mais avant de se reposer sur leur couche dure, les sœurs aiment se retrouver sur l'étroite terrasse. De là, elles admirent les merveilles de la nature. La vue magnifique qui entoure le petit prieuré de Saint Damien les porte à la prière, et Claire ne peut s'empêcher de remercier encore et encore le Seigneur pour la beauté des cultures, pain quotidien de l'humanité.
Et devant cette petite église, Claire se souvient avec émotion de ce jour béni, où elle reçut le voile blanc, puis le voile noir, signes de son appartenance à Dieu, pour toujours.
Et puis, une visite inattendue ! Philippa est venue voir ses amies. Devant une telle pauvreté, Philippa est fort étonnée. Elle trouve même bien excessif de vouloir vivre dans une telle pauvreté, dans un tel dénuement. Philippa ne comprend pas.
Claire lui explique avec une telle conviction, un tel entrain et une telle joie :
Jésus lui-même est né dans la pauvreté la plus totale, est mort dans le dénuement, dans de terribles souffrances et de grands tourments. Et le voici maintenant Roi des rois, reposant sur un trône formé d'étoiles.
Philippa ne tarde pas à être conquise. Conquise à l'Amour du Christ, pauvre et crucifié ! Bientôt, Philippa
Demande à entrer dans la petite communauté, pour suivre Jésus, sauveur de l'humanité. Elle veut prendre le chemin de Jésus pauvre.
Claire devient le guide de ses sœurs quand François est absent. Et il se fait de plus en plus lointain pour un temps de plus en plus long. Mais François a une grande confiance en Claire, qu'il admire de jour en jour.
Il sait qu'il peut partir tranquille en sachant les sœurs sous la protection de sa sœur Claire. Il semble même qu'elle conviendrait fort bien pour prendre la responsabilité de cette communauté naissante.
Claire proteste ! elle qui n'est que la petite servante du Seigneur, ne veut pas devenir la supérieure de la communauté. Malgré ses protestations, François lui demande d'être l'abbesse du monastère de Saint Damien et Claire doit obéir, elle l'a promis, le jour où elle s'est donnée à Dieu dans la petite église de la Portioncule.
Claire a alors 22 ans.
En vivant à Saint Damien, Claire refuse non seulement de posséder des propriétés, comme les monastères des Bénédictines, mais elle veut recevoir son pain quotidien en faisant confiance à la Divine Providence. Elle refuse d'amasser des provisions en prévisions de jours plus difficiles.
Elle désire vivre dans la plus grande pauvreté à l'image de Frère François, son Père spirituel.
Mais la petite communauté vit sous la règle de Saint Benoit qui autorise l'acquisition des biens terrestres.
Claire et François décident de recourir directement auprès du Pape innocent III
En recevant la demande , le Pape ne peut s'empêcher de sourire :
« C'est une demande bien inhabituelle » Pense-t-il, et prenant la plume, il répond « OUI » à la demande François et de Claire.
La consécration de la petite église de Sainte Marie des Anges est décidée par l'évêque.
Ce jour-là, pas moins de sept évêques sont présents. Après la consécration à la vierge de ce lieu de vénération, François conduit les sept prélats au monastère de Saint Damien.
En voyant l'extrême pauvreté dans laquelle vivent les jeunes religieuses, ils s'en étonnent et s'inquiètent même pour la sécurité des sœurs. Mais Claire avec un large sourire les rassure en leur disant qu'elles tressaillent de joie en préférant les richesses de la pauvreté et les trésors éternels du ciel ,aux pauvres richesses de la terre et leur disparition certaine.
Ce n'est pas parce qu'elle la supérieure de la communauté, que Claire ne met pas la main à la pâte ! oh non ! elle est même la première à prendre le balai, faire la vaisselle ou laver les linges de l'autel.
Un jour, sœur Pacifica, arrive en portant une cruche vide. Avant même qu'elle est le temps de réagir, Claire lui prend la cruche des mains et la lave. Seulement à ce moment là, Pacifica lui dit :
Claire, nous n'avons plus une goutte d'huile, la cruche est complètement vide et nous ne pouvons plus faire les onguents pour soigner les lépreux.
Claire lui répond calmement :
Pose la cruche sur le petit guichet, frère Bentivenga ira en mendier pour nous.
Claire pense alors à tous les bienfaits de la Divine Providence. Elle se met en prière, et c'est un cri à l'aide qui jaillit vers Dieu dans le silence de sa prière. Une prière qui s'élève, légère et confiante vers le Divin Père, pour subvenir encore une fois aux besoins de la communauté.
Lorsque Frère Bentivenga veut empoigner la cruche, il pousse un cri de surprise. Frère Bentivenga ne semble pas content du tout : Ah ca! les sœurs se se sont bien moquées de moi ! la cruche est pleine d'huile !
Les sœurs arrivent en courant, elles croient rêver ! la cruche était bel et bien vide, sœur Claire vient de la laver à l'instant !
Pacifica se jette à genoux et la voix pleine d'émotion, s'écrie :
« C'est notre mère qui a fait cela, la cruche était vide, c'est moi qui lui l'ai donnée. C'est la Foi de notre mère qui a fait ce miracle ! »
La famille Offreduccio voit partir les unes après les autres les jeunes filles, pourtant promises à un avenir
Riche de noblesse et de biens.
Ortolana ne sait plus que penser : faut-il qu'elle se réjouisse de voir sa famille s'appauvrir en laissant partir ses filles et ses nièces vers la Volonté Divine ?
Faut-il qu'elle laisse exploser sa colère contre ses filles qui attirent toutes les merveilles de la famille Offreduccio ?
Un jour Ortolana vient rendre visite à Claire dans le petit prieuré de Saint Damien. Elle a besoin de se confier à sa fille, Ortolana ne sait plus comment réagir.
Après l'avoir longuement écoutée, Claire regarde sa mère, et une lumineuse joie dans les yeux, elle lui dit : ……..le temps viendra aussi pour toi aussi .
5 LE RAYONNEMENT DE CLAIRE
En entendant cette parole de la part de sa fille, Ortolana ne savait pas ce qui l'attendait ! Devenue veuve, elle ne tarde pas à rejoindre elle aussi sa fille dans la communauté toute nouvelle des Clarisses.
Claire est une véritable mère pour se sœurs. Attentive, elle n'hésite pas à reprendre une sœur malade en lui commandant de se reposer ; Combien de fois, au cœur des nuits glaciales d'hiver, claire ne donne-t-elle pas a mince couverture pour réchauffer une de ses sœurs, qui, transie de froid, grelottant sur sa planche de bois, peine à trouver le sommeil.
Et lorsque le moral de ses sœurs n'est pas au beau fixe, Claire leur rend la joie en leur parlant de Jésus.
Sa Foi suffit à relever les cœurs.
Et puis Frère François est là, qui veille sur la petite communauté de religieuses. Il veut faire du monastère de Saint Damien, un exemple de vie pour tous les couvents qui désirent vivre dans la pauvreté du Christ.
Bientôt, les Bénédictines des monastères voisins, en voyant la paix, l'amour et la joie qui règnent à Saint Damien, veulent elles aussi adopter la vie des « Pauvres Dames ».
François voit bien vite, non seulement l'Ordre des « Pauvres Dames » prendre une ampleur grandissante, mais chez les Frères également, des jeunes hommes viennent rejoindre la communauté. Des huttes poussent comme des champignons autour du prieuré de Saint Damien.
Claire prie encore et encore pour François. Elle demande à Dieu de combler Frère François qui, heureux de voir l'ordre des Franciscains grandir ainsi, est confronté également à de grandes angoisses.
François ne peut plus avoir auprès de chacun, une attention particulière. Trop d'hommes et de femmes arrivent, attirés par cette vie de pauvreté qui les conduit vers la seule Vérité : Jésus.
Il faut maintenant songer à disperser les frères et les sœurs, par petits groupes pour les installer sur les terres voisines, voir plus éloignées.
Claire append alors la nouvelle de la bouche même de Frère François : Sa sœur Agnès doit quitter le moutier de Saint Damien avec quelques compagnes. Sa place est à Florence où elle devient l'Abbesse d'une nouvelle communauté.
Une profonde tristesse emplit le cœur de Claire. Se séparer de sa sœur ! Quelle terrible épreuve ! mais Claire se souvient de la promesse faite à François le jour où elle a fait don de sa vie au Seigneur. Sa promesse de toujours obéir aux décisions de son Père François. Si tel est le désir de Dieu, claire malgré son immense chagrin, veut se soumettre.
C'est dans une étreinte longue et douloureuse que les deux sœurs se séparent…. Pour la Gloire de Dieu !
Frère François n'a plus assez de temps à consacrer au monastère des « Pauvres Dames ». d'ailleurs, estime-t-il, elles sont bien capables d'avancer maintenant sans lui ! Les visites se font de plus en plus rares.
Claire en est profondément attristée et toutes les sœurs attendent avec impatience le retour de leur Père
Voyant leur peine, Frère Pierre dit un jour à François :
« tu devrais aller voir nos sœurs. Elles t'attendent depuis déjà trop longtemps » !
François se laisse attendrir et décide de monter enfin jusqu'à Saint Damien.
A son arrivée, les sœurs sont tellement heureuse, qu'elles ne peuvent s'empêcher de pousser des cris de joie et de faire sonner la cloche à toute volée.
François est là, qui prie devant le crucifix byzantin, au-dessus de l'autel. En entendant cette explosion de joie, il demande simplement de la cendre. La répand autour de lui et s'en recouvre la tête, puis sans un mot, il s'en va.
Les sœurs ont compris ce que cela voulait dire !
Dans ce geste, François veut leur montrer qu'il n'y a qu'un seul maître ; Dieu, et que lui comme toute créature de Dieu est né de la poussière, que tous retournerons à la poussière !
Puis François disparaît à nouveau vers d'autres horizons. Personne ne sait quand il reviendra : dans quelques semaines ? Dans quelques mois ? Peut-être même dans quelques années !
Mais à l'automne, la nouvelle arrive jusque dans le petit moutier : François est de retour !
Claire demande à le voir. Un repas est organisé entre elle et François.
Ce jour-là, dans la prière Claire, François et les frères qui sont là entre dans une prière tellement profonde, qu'ils sortent brutalement de leur ravissement par des habitants de la ville qui ont vu un feu dans la forêt, et qui accourent pour porter secours à François et ses frères.
Lorsqu'ils arrivent ils n'en reviennent pas de voir François et Claire dans une telle paix et une telle joie. C'est en retournant chez eux qu'ils comprennent que le feu qu'ils sont venus éteindre n'est autre que le Feu de l'Amour de Dieu qui brûle dans les cœurs du Frère et de la Sœur.
Les années passent, Claire vit non seulement dans la pauvreté de son logis, mais elle désire jeûner le plus souvent possible pour mieux rencontrer Jésus et lui offrir ses sacrifices, pour la conversion du monde. Pendant le temps du carême, Claire jeûne 3 fois par semaine, les autres jours, elle mange si peu, que son corps affaibli ne peut surmonter les maladies qui l'atteignent. François et L'évêque d'Assise doivent intervenir. La santé de Claire se dégrade et ils l'obligent à manger un minimum de pain les quatre autres jours non jeûnés, afin de ne pas mettre en péril sa santé devenue fragile.
Claire poursuit pourtant sa vie religieuse dans la joie et la paix. Attentive à ceux et celles qui lui rendent visite, aux sœurs qui vivent avec elle, elle guérit les malades en traçant dans la prière le signe de croix sur ceux qui souffrent.
Au nom de jésus, Claire accomplit de nombreux miracles.
Mais bientôt, Claire ne peut plus quitter sa couche inconfortable. La grave maladie qui la fait souffrir jour et nuit, l'empêche de trouver le repos dans le sommeil. Le réconfort, elle le trouve en laissant monter sa prière vers le Seigneur
Claire ne se plaint pas, la souffrance est une occasion de se tourner vers Jésus à qui elle demande sans cesse la conversion des Hommes et du monde.
Et quand sa terrible maladie lui laisse un peu de répit, Claire se redresse sur la planche lui servant de lit et se munissant d'un fuseau, elle se met à filer pour les vêtements que les autres sœurs confectionnent avec le fil obtenu.
Depuis quelques semaines maintenant, Claire est au plus mal. il n'est plus possible de la transporter jusque dans l'église pour qu'elle participe à la prière communautaire.
Ce jour de noël, Claire est couchée, incapable de bouger. De son lit elle entend la prière des frères et des sœurs monter jusqu'à elle. Et elle souvient avec une joie immense ce soir de noël, où François avait fait la crèche en souvenir de Jésus né dans la pauvreté.
Alors qu'elle est plongée dans ce délicieux souvenir, soudain, elle se voit comme transportée dans l'église même, et il lui semble assister à la messe de minuit entourée de ses sœurs et de ses frères, comme si elle se trouvait parmi eux dans la petite église construite sur le tombeau de François, son Père Spirituel, mort quelques années déjà. L'Eglise l'a reconnu Saint.
Le lendemain des sœurs viennent la voir et lui disent toute leur peine de ne pas l'avoir eue parmi eux.
Mais Claire leur répond :
« Remerciez avec moi le Seigneur Jésus Christ. Une grâce merveilleuse m'a été accordée.
Par l'intercession de notre Bienheureux Père Saint François, j'ai célébré la douce fête de Noël dans l'église que les frères ont élevée sur sa glorieuse tombe.
Avant de mourir, Claire veut parler une dernière fois à ses sœurs, qu'elle appelle « ses filles »
Elle leur demande de continuer, après son départ de rester des modèles pour tous ceux qui vivent dans le monde.
Elle les encourage dans la vie de pauvreté qu'elles ont choisie et de tenir dans les difficultés qu'elles rencontreront.
Et enfin Claire demande à « ses filles » de persévérer dans la charité et dans leur mission de « Pauvres Dames »
Le 11 Aout 1253, Claire est plongée dans la prière, elle regarde Jésus sur la croix, elle sait que son heure est venue de rejoindre celui à qui elle a donné toute sa vie : Jésus lui-même.
Puis, enveloppée de l'Amour et de la Paix de Dieu, Claire ferme les yeux pour ne les ouvrir à nouveau au milieu des saints et des anges qui louent Dieu sans fin, dans une joie sans pareille.
Claire avait 59 ans.
Deux ans après sa mort seulement, l'Eglise proclame Claire, Sainte !
Un saint, c'est une personne que l'Eglise reconnaît pour avoir suivi le chemin que Dieu lui demande de suivre, par Amour pour lui et pour la conversion des Hommes. Claire devient pour nous un exemple à suivre, comme Claire puissions-nous être amoureux de Jésus et mettre notre entière confiance en lui , en lui seul !